Sacre épiscopal au Sacré-Collège

Source: FSSPX Actualités

Les cardinaux en conclave dans la Chapelle Sixtine

Le père Angel Fernandez Artime a reçu la consécration épiscopale sept mois après son élévation au cardinalat lors du consistoire du 30 septembre 2023. Désormais, tous les électeurs au conclave sont évêques, en vertu des normes juridiques en vigueur dans l’Eglise.

La cérémonie s’est tenue le 20 avril 2024, dans la Basilique de Sainte-Marie Majeure. Le cardinal Emil Paul Tscherrig a conféré la consécration épiscopale au cardinal Fernandez Artime, par ailleurs recteur majeur depuis 2014 de la congrégation des Salésiens à laquelle il appartient.

Bien que la fonction de supérieur général des Salésiens soit normalement dévolue à un prêtre, le porporato fraîchement sacré continuera, à la demande expresse du pape François, de gouverner la famille salésienne jusqu’au 16 août prochain, date qui marquera la fin des célébrations du 209e anniversaire de la naissance de saint Jean Bosco.

Une ordination épiscopale qui n’est pas passée inaperçue des vaticanistes romains, du fait que Mgr Artime était, jusqu’au 20 avril dernier, le dernier cardinal électeur à ne pas être évêque, dérogeant ainsi à la règle établie en 1962 par le pape Jean XXIII par son motu proprio Cum gravissima.

Depuis, le droit de l’Eglise a intégré cette disposition : « Pour la promotion au cardinalat, le Pontife Romain choisit librement des hommes qui sont constitués au moins dans l’ordre du presbytérat (…) ; ceux qui ne sont pas encore évêques doivent recevoir la consécration épiscopale », stipule le c. 351,1 du Code de 1983. Quatre cardinaux n’ont pas reçu cette consécration, mais il ne sont plus électeurs.

Si les cardinaux étaient à l’origine des prêtres et des diacres du diocèse de Rome, auxquels se sont joints ensuite les évêques “suburbicaires” de la banlieue romaine – donnant ainsi naissance aux trois ordres du Sacré Collège, cardinaux-évêques, cardinaux-prêtres et cardinaux diacres – le cardinalat n’a, dans l’histoire, pas toujours été réservé aux seuls clercs majeurs.

En 1586, par la constitution Postquam verus ille réformant le Sacré-Collège, Sixte V fait juste obligation aux cardinaux d’avoir reçu au moins les ordres mineurs jusqu’à un an après leur création. Ainsi, l’Italien Teodolfo Mertel (1806-1869) qui fut ministre de la Justice des Etats pontificaux, fut créé cardinal en mars 1858 par Pie IX : il était alors simplement tonsuré depuis 1843.

Le 15 décembre 1958, Jean XXIII déroge au nombre de 70 cardinaux établi par Sixte V et inscrit dans le Code de droit canon de 1917 (c. 231). Par le motu proprio Cum gravissima, du 15 avril 1962, il établit que tous les cardinaux recevront la dignité épiscopale.

Paul VI, par le motu proprio Ingravescentem aetatem du 21 novembre 1970, fixa à 80 ans l’âge auquel les cardinaux cessent d’une part d’être membres des dicastères de la Curie romaine, et perdent d’autre part le droit d’élire le pontife romain et par conséquent, d’entrer au conclave.

Le 5 novembre 1973, Paul VI fixa à 120 le nombre maximal de cardinaux ayant faculté d’élire le Pape. Jean-Paul II, par la constitution apostolique Universi Dominici gregis du 22 février 1996, a confirmé ces dispositions.

La décision de Jean XXIII de conférer l’épiscopat aux cardinaux était censée conférer au Sacré-Collège un nouveau lustre. Mais, selon plusieurs théologiens, elle en diminuait en réalité l’importance. Car, avant la réforme de 1962, un simple prêtre, s’il était cardinal, gardait la primauté sur n’importe quel évêque, parce que les cardinaux représentent le clergé de Rome et la Curie romaine.

Cette réforme va d’ailleurs dans le sens de ce qui sera décidé à Vatican II sur la dignité épiscopale et sur la volonté de faire pièce à la Curie par la collégialité épiscopale. Autrement dit de rehausser le Collège des évêques face aux organismes et aux ministres de la Curie.

Quant à François il semble considérer, selon les explications du cardinal Gianfranco Ghirlanda, que c’est la décision du Pape qui donne le pouvoir de juridiction, même à des laïcs, c’est pourquoi ils peuvent être nommés à la tête de dicastères romains. A quand des “cardinales” ?