Fête des saints Anges gardiens

Source: FSSPX Actualités

Bien que la solennité du 29 septembre ait pour but d’honorer tous les bienheureux esprits des neuf chœurs, la piété des fidèles s’est portée dans les derniers siècles à désirer qu’un jour spécial fût consacré par la terre à célébrer les Anges gardiens.

Différentes Eglises ayant pris l’initiative de cette fête, qu’elles plaçaient sous divers rites à diverses dates de l’année, Paul V, tout en l’autorisant en 1608, crut devoir la laisser facultative ; Clément X, en 1670, mit fin à cette variété au sujet de la fête nouvelle, en la fixant obligatoirement au 2 octobre, premier jour libre après la Saint-Michel, dont elle demeure ainsi comme une dépendance.

Il est de foi qu’en cet exil, Dieu confie aux Anges la garde des hommes appelés à le contempler ainsi qu’eux-mêmes dans la commune patrie ; c’est le témoignage des Ecritures, l’affirmation unanime de la Tradition. Les conclusions les plus assurées de la théologie catholique étendent le bénéfice de cette protection précieuse à tous les membres de la race humaine, sans distinction de justes ou de pécheurs, d’infidèles ou de baptisés.

Ecarter les dangers, soutenir l’homme dans sa lutte contre le démon, faire naître en lui de saintes pensées, le détourner du mal et parfois le châtier, prier pour lui et présenter à Dieu ses propres prières : tel est le rôle de l’Ange gardien. Mission à ce point spéciale, que le même Ange ne cumule pas la garde simultanée de plusieurs ; à ce point assidue, qu’il suit son protégé du premier jour au dernier de sa mortelle existence, recueillant l’âme au sortir de cette vie pour la conduire, des pieds du juge suprême, à la place méritée par elle dans les cieux ou au séjour temporaire de purification et d’expiation.

C’est dans le voisinage plus immédiat de notre nature, parmi les rangs pressés du dernier des neuf chœurs, que se recrute surtout la milice sainte des Anges gardiens. Dieu, en effet, réserve les Séraphins, les Chérubins, les Trônes, à l’honneur de former son auguste cour. Les Dominations président des abords de son trône au gouvernement de l’univers ; les Vertus veillent à la fixité des lois de la nature, à la conservation des espèces, aux mouvements des cieux ; les Puissances retiennent enchaîné l’enfer.

La race humaine, dans son ensemble et ses grands corps sociaux, les nations, les églises, est confiée aux Principautés ; tandis que le rôle des Archanges, préposés aux communautés moindres, semble être aussi de transmettre aux Anges les ordres du ciel, avec l’amour et la lumière descendant pour nous de la première et suprême hiérarchie. Profondeurs de la Sagesse de Dieu ! (Rm 11, 33)

Ainsi donc l’admirable ensemble de ministères ordonné entre les différents chœurs des esprits célestes aboutit, comme fin, à cette garde immédiatement remise aux plus humbles, la garde de l’homme, pour qui subsiste l’univers. C’est l’affirmation de la scholastique ; c’est le mot de l’Apôtre : « Tout esprit n’a-t-il pas pour mission de servir les futurs héritiers du salut ? » (He 1, 14) (…)

Pour finir, écoutons aujourd’hui comme fait l’Eglise l’Abbé de Clairvaux, dont l’éloquence se donne ici carrière : « En tous lieux, sois respectueux de ton Ange. Que la reconnaissance pour ses bienfaits excite ton culte pour sa grandeur. Aime ce futur cohéritier, tuteur présentement désigné par le Père à ton enfance. Car bien que fils de Dieu, nous ne sommes pour l’heure que des enfants, et longue et périlleuse est la route. Mais Dieu a commandé à ses Anges de te garder en toutes tes voies ; ils te porteront dans leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre ; tu marcheras sur l’aspic et le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon (Ps 90, 11-13). Oui donc ; là où la route est praticable pour un enfant, ils borneront leur concours à te guider, à te soutenir comme on fait les enfants. L’épreuve menacera-t-elle de dépasser tes forces ? ils te porteront dans leurs mains. Ces mains des Anges ! combien d’impasses redoutées, franchies grâce à elles comme sans y penser, et ne laissant à l’homme par delà que l’impression d’un cauchemar soudainement évanoui (In Ps 90, 12) ! »

Unissons-nous à l’Eglise offrant aux Anges gardiens cette Hymne des Vêpres du jour.

Nous célébrons les Anges qui gardent les humains. Le Père céleste les a donnés pour compagnons à notre faible nature, de crainte qu’elle ne succombât dans les embûches ennemies.

Car, depuis que l’ange mauvais fut justement précipité de ses honneurs, l’envie le ronge et il s’efforce de perdre ceux que le Seigneur appelle aux cieux.

Vous donc volez vers nous, gardien qui jamais ne dormez ; écartez de la terre à vous confiée les maladies de l’âme et toute menace pour la paix de ses habitants.

Soit toujours louange et amour à la Trinité sainte, dont la puissance éternelle gouverne ce triple monde des cieux, de la terre et de l’abîme, dont la gloire domine les siècles. Amen.