France : la première messe « télévisée » a eu lieu il y a 75 ans

Source: FSSPX Actualités

Le P. Raymond Pichard, OP

La première messe télévisée de la TV française a été diffusée il y a 75 ans en direct de Notre-Dame de Paris, le 24 décembre 1948. Cette diffusion de la messe de Noël était due à un Dominicain passionné de communication : le Père Raymond Pichard (1913-1992). Elle fut alors captée par tout au plus une centaine de postes de télévision, car il n’y avait que 300 téléviseurs en France environ.

En effet, alors responsable des offices radiophoniques, le Père Pichard, avec l’accord du provincial de l’Ordre des Prêcheurs, parvient à convaincre les responsables de la télévision française et l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard. La messe de minuit du 24 décembre 1948 fut ainsi la première messe « télévisée », et une première mondiale. Le père dominicain s’attache ensuite à convaincre le pape Pie XII de la pertinence de ce nouveau moyen de communication.

Pie XII et la télévision

Et pour la fête de Pâques 1949, le dimanche 17 avril, Pie XII s’adressait aux Français depuis le Vatican en une allocution retransmise pour la première fois par la télévision française. « On a dit au monde que la religion était à son déclin, et à l’aide de cette nouvelle merveille (la télévision) le monde verra le triomphe grandiose de l’Eucharistie et de Marie.

« On lui a dit que la papauté était morte ou mourante, et il verra les foules déborder de toutes parts de l’immense Place Saint-Pierre pour recevoir la bénédiction du pape et pour entendre sa parole. On lui a dit que l’Eglise ne comptait plus, et il la verra, persécutée ou glorieuse, mais partout vivante !

« On lui a dit qu’il ne trouverait de secours, de bonté, de dévouement, que par une philanthropie que ni la foi ou la charité divine n’inspirent et n’animent, et il verra les disciples du Christ vouer leurs vies jusqu’à la mort incluse au service des malades, des vieillards, des prisonniers, des lépreux, sous tous les climats, partout où les corps souffrent, où le cœur gémit, où l’âme est en détresse.

« Alors le monde détrompé lèvera les yeux, contemplera dans le ravissement la lumière qui du front maternel de l’Eglise rayonne sur lui, et il rendra gloire à Dieu. » Dans son Encyclique Miranda prorsus (8 septembre 1957) sur le cinéma, la radio et la télévision, Pie XII présente les caractéristiques de la diffusion au moyen des techniques audiovisuelles.

« Le cinéma, la radio et la télévision, ne sont donc pas simplement des moyens de récréation et de détente (même si une grande partie des auditeurs et des spectateurs les considèrent avant tout sous cet aspect), mais ils transmettent des valeurs surtout culturelles et morales qui peuvent grandement contribuer au bien de la société moderne.

« Plus que le livre, les techniques audio-visuelles offrent la possibilité de collaboration et d’échange, et l’Eglise, qui par mandat s’intéresse à toute l’humanité, désire qu’elles servent à la diffusion du bien. »

Et le Saint-Père en précise la teneur : « Il faut avant tout considérer comme sacrée la vérité révélée par Dieu. Ne serait-ce pas même la plus haute vocation des techniques de diffusion de faire connaître à tous l’enseignement de Dieu et de son Fils Jésus-Christ, cette foi chrétienne qui, seule, peut donner à des millions d’hommes la force de supporter avec sérénité et courage les indicibles épreuves et les angoisses de l’heure présente ?

« Au devoir de servir la vérité doit s’unir l’effort pour contribuer au perfectionnement moral de l’homme. Les techniques audiovisuelles peuvent fournir une telle contribution dans trois secteurs importants : information, enseignement, spectacle. »

Le père Pichard

Né en Pays d’Auge en 1913, Raymond Pichard est ordonné prêtre en 1939, après son séminaire chez les Carmes. Il entre ensuite dans l’Ordre des Prêcheurs. Après la première messe “télévisionnée” de l’histoire et en échange de l’installation d’un émetteur au Vatican, le P. Pichard obtient de Jean d’Arcy, alors membre de cabinets ministériels (1944-1950) puis directeur des programmes de la RTF (1952-1959), la création d’une émission hebdomadaire de 90 minutes.

A partir du 9 octobre 1949, tous les dimanches à 17h30, un programme catholique est diffusé composé de la messe, des actualités, d’une initiation à la liturgie, à l’histoire de l’Eglise, à la vie des missions. Ainsi naît en 1954 Le Jour du Seigneur. Puis il fonde Les Productions du Parvis pour produire des documentaires qui le mène de Rome au Rwanda, faisant appel à de grands réalisateurs de l’époque comme Georges Rouquier et Philippe Agostini.