Rosa Mystica 2022 : au pied de Notre-Dame du Perpétuel Secours

Source: FSSPX Actualités

De notre envoyée spéciale aux Philippines.

Au pied de Notre-Dame du Perpétuel Secours

A Surigao City, à la pointe nord de l’île de Mindanao, les deux derniers jours de la mission auront lieu sur l’esplanade du Sanctuaire de Notre-Dame du Perpétuel Secours, situé au sommet d’une colline dominant la ville de Surigao et offrant une vue sur la mer à 180°. Un lieu splendide mais exposé à tous les vents qui soufflent fort ces jours-ci, accompagnés de pluies torrentielles intermittentes.

Ce sanctuaire a été construit en 1976 à l’initiative d’un groupe de fidèles vouant une grande dévotion à Notre-Dame du Perpétuel Secours. L’une des fondatrices du sanctuaire nous confia qu’il attirait autrefois de nombreux fidèles qui venaient tous les soirs pour y prier le chapelet. Les jeudis et vendredis soir on s’y retrouvait en famille pour réciter le chapelet des cinq plaies les bras en croix ; tous les premiers vendredis du mois il y avait une heure sainte.

Lors des fêtes du Santo Niño [Saint Enfant Jésus] en janvier – l’une des dévotions les plus populaires depuis l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle –, il y avait foule. Un des membres de ce groupe marial, un Chinois bouddhiste converti dans sa jeunesse, est un fidèle du Father Tim. C’est grâce à lui que nous avons eu accès à ce lieu malheureusement déserté depuis des années.

La ville et ses alentours ont été touché de plein fouet par le typhon Odette en décembre dernier, ACIM-Asia a pu venir en aide aux victimes et particulièrement aux habitants du quartier très pauvre de Canlanipa grâce aux dons récoltés. Ils ont permis à de nombreuses familles de retrouver un toit… c’est-à-dire une tôle.

Le père Tim y mène depuis une mission apostolique secondée par ses catéchistes et par l’équipe mariale de son fidèle Chinois qui visite les familles et leur apprend à prier le rosaire. Ce dernier n’a pas ménagé sa peine et sa bourse pour venir en aide aux victimes du typhon. Cette première journée commence avec une messe matinale aérienne sur ces hauteurs balayées par les vents marins.

« O Mère du Perpétuel Secours, nos cœurs surabondent de confiance en vous, à cause du Nom que vous portez. Nous voici à vos pieds pour vous exposer toutes les nécessités de nos vies et de notre mort. Venez à notre secours, ô charitable Mère ! »

Canlanipa

Samedi 17 septembre : les jours ont fui comme les vents du Pacifique, balayant sans relâche les rivages de Surigao City. En cette dernière après-midi de mission, des volontaires se rendent dans le quartier de Canlanipa, l’un des plus pauvres de la ville.

Sa situation en bord de mer aurait pu en faire une belle zone résidentielle, mais ses habitants sont des dockers à très bas salaire au port de Surigao dont on peut voir les gros cargos sur la rive opposée. Nous suivons le père Tim dans le dédale des ruelles du bidonville qui lui sont bien familières. Les habitants ont construit un charmant oratoire dédié à Notre-Dame du Rosaire où enfants et adultes se rassemblent régulièrement pour le catéchisme et la récitation du chapelet.

La mission est clôturée par une procession qui, en suivant Notre-Dame des Sept Douleurs, nous conduits vers le centre-ville. Elle s’achève dans la salle à manger d’un grand hôtel, après en avoir traversé le hall en chantant des Ave Maria, au grand étonnement des nouveaux volontaires ! Ils ne sont pas habitués à cette cohabitation très naturelle du civil et du religieux, encore en usage aux Philippines.

Sous le maternel et bienveillant regard de Notre Dame, à la place d’honneur sur le podium de la salle à manger, les volontaires ont été généreusement remerciés par un dîner de gala, des danses folkloriques, des comptines populaires chantées par les enfants du catéchisme, le chant d’adieu Con te partiro par les catéchistes et, bien sûr, les traditionnels « certificates of appreciation » !

Les nouveaux volontaires ont tous été « touchés » par le virus de la mission Rosa Mystica. Ils reviendront sans doute pour la prochaine qui devrait avoir lieu du 6 au 12 mars 2023, si Dieu le veut !

Missionnaire du Kentucky à Mindanao

Avant de se quitter, nous n’oublions pas les soins de l’âme prodigués avec un dévouement immense par notre infatigable missionnaire, Father Timothy Pfeiffer qui n’a pas hésité à tout quitter, jusqu’au bout du monde, pour convertir les nations !

« Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, à cause de mon nom, il recevra le centuple et aura la vie éternelle en possession. » (Mt 19, 29) L’abbé Timothy Pfeiffer, aumônier de notre mission Rosa Mystica depuis tant d’années, est allé, lui aussi, jusqu’au bout du monde, afin d’offrir à nos amis philippins, les moyens de parvenir à ce bonheur sans fin qui a été promis aux hommes de bonne volonté !

Tout quitter… Pour moi qui l’ai vu à l’œuvre au cours des cinq missions Rosa Mystica auxquelles j’ai participé depuis 2017, le Father Tim incarne l’image d’Epinal du missionnaire que j’ai pu me faire dans mon enfance, lorsque le père Buliard, apôtre des esquimaux et un autre prêtre dont j’ai oublié le nom, en mission en Chine puis à Taïwan, venaient à l’école nous raconter leurs vies extraordinaires.

Comme eux, Father Tim a choisi cette pauvreté volontaire qui suppose de tout quitter, famille, patrie, amis etc., mais aussi richesse et confort : car c’est en vivant pauvre comme les plus pauvres que sont la majorité des Philippins auxquels il s’adresse, que Father Tim sait qu’il touchera leurs cœurs.

Espérons que sa santé ne pâtira pas de la vie toute donnée qu’il mène, sillonnant la grande île de Mindanao pour desservir ses chapelles ou en ouvrir d’autres, dormant par tronçon (comme les Philippins) sur une chaise par-ci, dans un autocar par-là, quand un moment de répit lui est accordé. Se nourrissant du bol de riz collant quotidien ou de ce qui lui tombe dans la bouche sans y penser. Portant sandales ou tongs, comme tous les Philippins, avec une soutane blanche élimée…

Jusqu’au bout du monde… Y a-t-il une contrée plus éloignée du Kentucky que les Philippines. La douce et nostalgique rengaine de l’hymne national de sa patrie, surtout dans la situation si proche qui a entraîné la fermeture absolue des frontières et l’impossibilité pendant des mois de rentrer au pays, Father Tim doit parfois la fredonner dans sa tête : « We will sing one song for my old Kentucky home, far away, far away, far away…, nous chanterons une chanson pour mon ancienne maison du Kentucky, loin, très loin, très loin… »

Far away : le Father Tim s’est astreint à adopter les mœurs du pays, à en apprendre le dialecte, si différents, si éloignés qu’ils soient des siens : ses sermons pleins de fougue prononcés en visaya (la langue du sud des Philippines) vont ainsi droit au cœur de ce peuple encore chrétien, certainement touché au plus profond par une telle foi, et par une telle sollicitude.

Pour convertir les nations… En effet, au cours de nos missions, combien d’enfants et d’adultes, hommes et femmes, se sont-ils ainsi engagés dans la Milice de l’Immaculée, grâce à sa proximité et sa compréhension que tous ont dû ressentir en l’écoutant prêcher. Fruits d’une charité profonde, celle dont le grand souci est le salut des âmes, qui a fait de cet américain du Kentucky, leur véritable frère.

Son esprit profondément missionnaire, qui était bien celui de Mgr Lefebvre, l’a ainsi convaincu de la dimension apostolique de notre mission Rosa Mystica : toucher et élever les âmes vers Dieu par Marie, en se penchant comme Jésus, sur la misère et la souffrance des corps, en s’efforçant de les soulager, en accomplissant les œuvres de miséricorde corporelle dans la charité fraternelle.

Ce que tous nos bons et saints Pères blancs, Pères du Saint-Esprit ou Pères de Picpus, comme Damien de Molokai, ont fait avant lui… Nous souhaitons longue vie au père Tim pour continuer son apostolat auprès de nos chers Philippins et au bout du chemin, celle, éternelle, promise à ceux qui ont tout donné !

Fabienne de Geofroy

MISSION ROSA MYSTICA

https://fr.rosamystica-mission.com/

www.amep-phil.com

Les dons peuvent être faits par le site (Paypal) ou par chèque à l’ordre de : ACIM, 2 route d’Equihen, F-62360 Saint-Etienne-au-Mont. Reçu fiscal sur demande.