Suisse : le joyau du jubé de Valère

Source: FSSPX Actualités

Dans le canton du Valais, le château de Valère, qui tient son nom de la mère de l’un des préfets romains du lieu, surplombe la ville de Sion à 621m d’altitude, et abrite en son sein la basilique fortifiée de Valère.

Ce château est composé, principalement, d’une basilique fortifiée et de bâtiments civils, anciennes dépendances des chanoines du chapitre de la cathédrale, qui y ont résidé jusqu’à la Révolution. Le Musée d’histoire du Valais y a pris place, fondé en 1883 et rénové en 2008.  

La cathédrale Notre-Dame de Valère a été construite entre le début du 12e siècle et la première moitié du 13e siècle, et élevée au rang de basilique mineure par Jean-Paul II. Des travaux de rénovation extérieure et intérieure viennent de s’achever, trente ans après leurs lancements successifs. La basilique conserve le plus ancien orgue jouable au monde, dont la datation est estimée vers 1435, un rare jubé du 13e siècle, de nombreux décors peints et de magnifiques stalles baroques. 

En passant la porte de la basilique, on peut apercevoir le calvaire sur le jubé. L’installation des statues de la Vierge Marie, l’apôtre saint Jean et Jésus crucifié date de 1526. L’année est mentionnée au pied de la croix. En plus d’une certaine affliction que lui confèrent les traits de son visage, le regard de la Vierge exprime de la désolation. De l’autre côté du calvaire, l’apôtre Jean semble consterné, et les yeux mi-clos du Christ, presque révulsés, traduisent une souffrance extrême. « Il s’agissait de capter l’attention des pèlerins qui montaient à Valère et de les saisir », indique Maria Portmann, conservatrice cantonale des monuments historiques du Valais. Les personnages, réalisés à l’échelle humaine, sont comme prostrés dans la douleur. 

Sur de nombreux points, le calvaire demeure une énigme. D’où viennent ces statues ? Qui les a réalisées ?  Pourquoi avoir placé cet ensemble à cet endroit ? « Nous ne disposons pas de sources écrites ou visuelles nous permettant de répondre à ces questions avec certitude », explique Maria Portmann. « L’emplacement laisse supposer que c’était pour accueillir les pèlerins qui montaient à Valère, probablement à la Semaine sainte. Une des rares occasions pour les fidèles d’entrer dans l’église. A l’époque, seuls les chanoines vivent à Valère et accèdent à l’église du chapitre cathédral. »  

Le calvaire pourrait avoir été taillé à l’étranger : « Le style ne correspond à rien de ce qui est fait en Valais à l’époque. Le travail est beaucoup plus fin. Les plis des vêtements sculptés dans le bois d’une seule pièce, les motifs floraux appliqués sur les vêtements relèvent d’un grand soin et d’une attention particulière qu’on ne retrouve pas en Valais. On penche plutôt pour le nord des Alpes, l’Allemagne ou l’Autriche (par opposition au sud des Alpes, à l’art italien) pour la sobriété des formes et des traits des personnages et les cheveux sculptés en bouclettes, typiques de ce qui se fait dans ces pays. 

« L’ensemble est dans un état de conservation exceptionnel. Le nettoyage et le dépoussiérage du calvaire en 2021 et 2022 ont permis de retrouver son état d’origine.  »  

Accès libre à la nef en dehors des offices, juin-septembre : 10h-18h ; octobre-mai : mardi-dimanche : 10h-17h.