Canada : les évêques s’opposent de nouveau à l’euthanasie

Source: FSSPX Actualités

Mgr William Terrence McGrattan, président de la conférence épiscopale du Canada

Les évêques catholiques du Canada reprochent à Justin Trudeau et au gouvernement qu’il préside sa volonté d’inclure, dans une future modification de la loi sur l’euthanasie, les personnes atteintes d’une pathologie mentale lourde. Au pays de l’érable, la mort en gants blancs représente plus de 4% des causes de décès recensés.

Le 1er février 2024, le gouvernement canadien a annoncé reporter, pour la deuxième fois, l’extension de l’euthanasie aux personnes souffrant de maladies mentales, tout en insistant sur le fait qu’il s’agit d’un report et non d’une annulation.

Ce qui signifie que la position du gouvernement Trudeau demeure inchangée en la matière : une personne souffrant d’un trouble psychiatrique aigu est suffisamment lucide pour demander l’euthanasie pour le chef de l’exécutif qui entend simplement reculer pour mieux sauter.

Le gouvernement fédéral a en fait repris la recommandation du rapport du Comité mixte spécial de l’aide médicale à mourir (AMAD) qui considère que « le système de santé au Canada n’est pas prêt pour l’aide médicale à mourir lorsque le trouble mental est le seul problème médical invoqué ».

« La décision du gouvernement fédéral de simplement reporter la législation qui élargirait l’admissibilité à l’“assistance médicale en fin de vie” – le suicide assisté ou l’euthanasie – aux personnes souffrant uniquement d’une maladie mentale, est une très mauvaise nouvelle », a déclaré Mgr William McGrattan de Calgary à Crux dans un communiqué.

Le Canada a légalisé en 2016 l’Aide médicale à mourir (AMM) qui recouvre les pratiques d’euthanasie et de suicide assisté. En 2021, à peine cinq ans plus tard, une nouvelle loi a étendu ces pratiques aux personnes atteintes d’une affection grave et incurable dont le pronostic vital n’est pas engagé à court terme.

Le critère est devenu encore plus flou et extensible, reposant sur le fait, pour le patient, d’éprouver des souffrances physiques ou psychiques qu’il juge lui-même insupportables. Une personne physiquement handicapée ou atteinte d’une maladie chronique est désormais éligible à l’euthanasie.

Le législateur avait par ailleurs prévu que la loi puisse s’appliquer aux personnes souffrant de maladies mentales à partir du 17 mars 2023, le temps de réfléchir sur les conditions à exiger pour assurer la sécurité des personnes.

« Malgré l'opposition qui a été exprimée par les praticiens de la santé mentale, les associations de personnes handicapées, les communautés religieuses et même plusieurs ministres régionaux de la Santé, le gouvernement fédéral reste pleinement obstiné dans la mise en œuvre de cette loi, qui a reçu l’assentiment royal le 9 mars 2023 », a ajouté Mgr McGrattan, président de la Conférence des évêques du Canada.

Selon les données publiées par le gouvernement, en 2022, il y a eu 13.241 décès par suicide assisté au Canada, ce qui représente 4,1% de tous les décès dans le pays. Le chiffre de 2022 a augmenté de 31,2% par rapport à celui de 2021. A plusieurs égards, ceux-ci sont parmi les chiffres les plus élevés au monde.