Euthanasie : changement de méthode à l’Elysée

Source: FSSPX Actualités

Il n’y a pas qu’à l’Hôtel de Matignon que s’opère un remaniement en ce début d’année 2024 : le projet de loi sur l’euthanasie est lui aussi en train de connaître quelques transformations, au moins sur la forme, car c’est en faveur d’un changement de méthode que le chef de l’Etat s’est prononcé, lors de ses vœux aux représentants du culte, le 8 janvier 2024.

Changement de cap, ou variation sur le même thème ? C’est probablement la seconde hypothèse qui devrait voir le jour quant à un projet de loi sur la fin de vie qui peine à éclore, tant l’exécutif sent qu’il marche sur des œufs en ce début d’année 2024.

D’autant qu’une majorité de soignants est opposée à la méthode dévoilée avant Noël par l’ancien gouvernement d’Elisabeth Borne : en insérant la question de l’euthanasie dans la problématique plus large des soins palliatifs et de l’accompagnement dans la maladie, l’exécutif entendait présenter un projet beaucoup plus global, de nature à être voté par l’Assemblée et accepté par l’opinion.

Mais l’accouchement dans la douleur de la loi immigration conjuguée aux signaux d’alarme des soignants, ont convaincu le chef de l’Etat de changer de tactique : « mettre dans un même texte, les soins palliatifs, qui font consensus, et l’aide à mourir, qui fait toujours polémique, c’est prendre le risque de ne pas avancer sur le développement des soins palliatifs », affirmait Claire Fourcade.

Le 8 janvier dernier, la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), réclamait ainsi une séparation nette des deux parties du projet.

Une mise en garde relayée dès le mois de septembre 2023 par la lettre signée par douze députés à l’intention de l’exécutif : « Combiner dans un même texte des questions par essence différentes serait une erreur et nous priverait collectivement de la liberté d’expression que nous confère la Constitution. »

Alors qu’Agnès Firmin Le Bodo, ancienne ministre de la Santé, annonçait avec assurance, il y a un mois, que « le projet de loi sur le modèle français de la fin de vie (serait) présenté courant février (2024) », du côté de l’Elysée, on est désormais prudent, comme le confirme l’un des responsables religieux présents à la cérémonie des vœux d’Emmanuel Macron le 8 janvier : « il n’a pas précisé de dates mais a plutôt parlé de la méthode », a-t-il expliqué.

Au cours d’un échange de plus d’une heure – dont quarante minutes de discours – le chef de l’Etat a annoncé aux responsables des principaux cultes présents sur le sol français, sa décision de présenter deux projets de loi distincts sur le thème de la fin de vie, l’un axé sur les soins palliatifs, l’autre sur l’euthanasie, pudiquement rebaptisée « aide à mourir ».

« Comment recevoir le désir de mourir ? » s’est interrogé Emmanuel Macron devant les dignitaires religieux : une question à la tournure ciselée résumant à elle seule le changement de tactique du locataire de l’Elysée, qui promet un nouvel échange avec les responsables des cultes avant la présentation du texte sur l’euthanasie proprement dit.

Pour finir sur une note positive, le président de la République a évoqué la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, « rendue au culte, à la culture et à l’image de la France ». Il aurait été bon qu’il se souvienne que le temps des cathédrales n’était pas vraiment celui où l’on piétinait sans vergogne le droit à la vie…